As I Lay Dying (2013)

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As I Lay Dying (2013)

Post by bunniefuu »

Mon père disait que le but de la vie, c'est de se préparer à rester mort très longtemps.

Cette maison part à vau-l'eau.

Où est Jewel ?

Je t'ai demandé où est Jewel.

À l'écurie, en train d'atteler.

Sûrement en train de faire l'imbécile avec ce cheval.

Viens ici, monsieur.

Viens.

Viens.

Vas-y.

Mange.

Avale-moi ça pendant que tu le peux, bougre de goinfre.

Mon beau salaud.

Quoi ?

T'es prêt ?

Oui, si t'as attelé.

Attends !

Si elle tient pas le coup jusqu'à votre retour, elle sera déçue.

Je lui ai promis que l'attelage serait prêt, au cas où elle partirait.

M'man est pas si malade que ça.

C'est vrai.

Aujourd'hui, elle est mieux qu'elle n'a été toute la semaine.

Vous en savez quelque chose.

Vous venez la voir assez souvent.

Avec votre famille.

En bon voisin.

Tais-toi, Jewel.

Si vous aviez pas tous le feu au cul pour l'emmener là-bas !

Avec Cash sous sa fenêtre toute la journée !

À scier, à frapper...

C'est son souhait.

Elle veut que ce soit la chair de sa chair qui scie les planches et qui plante les clous.

Tout comme elle veut partir dans notre propre charrette.

On veut être redevables à personne, elle et moi.

Ça nous rapportera trois dollars.

Tu veux qu'on y aille ?

J'ai vraiment pas de chance.

La pluie va arriver.

On sera revenus au coucher du soleil.

Allez !

Au coucher du soleil, c'est compris ?

Je voudrais pas la faire attendre.

Qu'est-ce que tu veux, Darl ?

Elle va mourir avant qu'on soit revenus.

Alors, pourquoi vous y allez ?

C'est trois dollars.

Pourquoi emmener Jewel ?

Tu sais qu'il te pardonnera jamais.

Elle voudra partir tout de suite.

Jefferson est assez loin comme ça.

La route est bonne, pour l'instant.

Pour l'instant.

On verra quand il pleuvra.

C'est quand même marrant.

La famille d'Addie doit être enterrée à une journée de galop d'ici.

Dommage que tu puisses pas l'enterrer avec les tiens à New Hope, à cinq kilomètres d'ici.

Ils seront de retour à temps. T'en fais pas.

Ils auront peut-être pas besoin de se presser.

Espérons-le.

Elle va partir.

Elle a décidé.

Le Seigneur a donné...

T'as attrapé quoi, un goret ?

Tu l'as trouvé où ?

Au pont.

Tu vas le laisser là ?

Je veux le montrer à maman !

Nettoie ce poisson.

Dewey Dell peut pas le faire ?

Nettoie-le.

P'pa !

Nettoie-le.

Allez.

Il est plus gros que lui.

Jewel !

Il faut deux personnes pour faire un homme, mais il en faut qu'une pour mourir.

Tu sais qu'elle va mourir.

Le monde finira comme ça.

Qui t'a fait, Jewel ?

Elle va mourir, Jewel.

Ta mère.

Notre mère.

Addie Bundren va mourir.

Respirez doucement.

Pourquoi vous m'avez pas fait venir plus tôt ?

Tantôt une chose, tantôt l'autre...

Mes fils et moi, on voulait terminer le maïs.

Dewey Dell la soignait bien.

Des gens passaient et nous proposaient leur aide.

Jusqu'à ce que je...

Putain, Anse.

Elle s'en va, pas vrai ?

Je le savais.

Je savais que c'était ce qu'elle avait décidé.

P'pa !

Vous devriez vous dépêcher.

Jewel.

Jewel !

La roue est coincée dans le fossé !

Elle veut Jewel.

Addie...

Darl et lui font une dernière livraison.

Ils pensaient qu'ils auraient le temps, que tu les attendrais.

C'est quand même trois dollars.

M'man !

Cash !

Soulève.

Je l'ai. Tu l'as ?

Encore un peu.

Attends.

C'est bon ? Oui, je crois.

Tiens bon.

Le boulon.

Elle est morte, Jewel.

Tu le sais, Addie Bundren est morte.

Ta gueule !

Ferme-la !

Ferme ta gueule !

Elle est partie.

Elle nous a quittés.

Tu en as encore pour longtemps ?

Tu ferais bien d'y retourner.

Il faudra faire du mieux que tu peux, avec les gars qui sont partis.

Allez, sers le souper.

Il faut qu'on garde des forces.

Que la volonté de Dieu soit faite.

Maintenant, je vais pouvoir avoir mes dents.

Tu pourrais faire tellement pour moi si seulement tu le voulais.

Si seulement tu savais.

Si tu le voulais, je te le dirais.

Et personne d'autre ne le saurait à part toi, moi et Darl.

Ça va ?

Elle va aller où ?

Tu crois qu'elle va aller jusqu'à la ville ?

Elle est partie plus loin que la ville.

Elle est pas dans le bon sens.

Elle adorait cette robe.

Au moins, elle se froissera pas.

J'ai assemblé les planches en onglet.

Un, les clous ont plus de prise.

Deux, il y a deux fois plus de surface d'accroche à chaque jointure.

Trois, l'eau devra s'infiltrer en biais.

L'eau pénètre plus facilement de haut en bas, ou de côté.

Quatre, dans une maison où on est debout les deux tiers du temps, les jointures sont fixées verticalement parce que la pression est verticale.

Cinq, dans un lit où on est allongé tout le temps, les jointures sont fixées latéralement parce que la pression est latérale.

Six, cependant.

Sept, un corps humain, c'est pas comme une traverse.

Huit, magnétisme animal.

Neuf, le magnétisme animal d'un corps humain provoque une pression en biais.

Donc, un cercueil doit être assemblé en onglet.

Dix, dans les vieux cimetières, la terre s'affaisse vers le bord.

Onze, dans un trou naturel, elle s'effondre vers le milieu, car la pression est verticale.

Douze, je l'ai donc construit en onglet.

Treize, le travail est plus propre.

La rivière monte.

Elle a déjà atteint la marque la plus haute sur les piles du pont.

Le pont supportera pas beaucoup d'eau. Anse le sait ?

Je lui ai dit.

Selon lui, les gars ont déjà déchargé et sont sur le chemin du retour.

Il devrait l'enterrer à New Hope.

Ce pont est vieux. Je m'y risquerais pas.

Il s'est mis en tête de l'emmener à Jefferson.

Il ferait bien de se mettre en route.

Le pont est là depuis un sacré moment.

Que Dieu le fasse tenir encore un peu.

Peabody, vous étiez le premier à le traverser !

Vous veniez chez nous aider ma mie à mettre au monde notre fils aîné, Jody.

Si j'avais dû traverser à chacun de ses accouchements, il se serait écroulé depuis longtemps.

Le Seigneur a donné !

Où il est, ce garnement ?

Ma mère est un poisson.

Que la grâce de Dieu soit sur cette maison.

Anse...

Elle part pour un monde meilleur.

Rassemblons-nous à la rivière Sur les pas des anges resplendissants Pour retrouver les saints Qui ont rejoint le royaume du Seigneur

Jewel !

Regarde.

Tu fais chier.

Il fait chier.

Je sais que ta mère était Addie Bundren, Jewel.

Comme moi.

Mais qui est ton père ?

D'aussi loin que je me souvienne, je sais qui c'est pas.

Mais qui c'est, je sais toujours pas.

Il est pas équilibré. Si vous voulez qu'il tienne...

Soulève, Cash !

Soulève ! Arrête avec ton putain de boniment et soulève !

Doucement, Jewel.

Jewel, je te le répète.

Elle tiendra pas...

Doucement !

Attention aux escaliers.

Soulève bien !

Attention.

Allez, Cash !

Attention !

Lâche, Cash !

Faites attention !

Soulève !

Soulève !

Elle est à l'envers.

Jewel !

Laisse le cheval ici, tu entends ?

On monte tous dans le chariot avec M'man, comme elle le souhaitait.

Pas question que tu caracoles comme si tu étais au cirque.

Ma mère est un poisson.

La mère de Jewel est une jument.

Et ta mère à toi, Darl ?

J'en ai pas.

Pourquoi t'as pris ces outils ?

Je ferai un saut chez Tull sur le chemin du retour pour mettre un toit sur la grange.

C'est un manque de respect.

C'est du mépris délibéré envers ta mère et moi.

Où est ta sœur ?

C'est quoi, ça ?

Les gâteaux pour Mme Tull.

Je les emmène en ville pour elle.

C'est pas correct.

Tu méprises les morts.

C'est pourtant pas grand-chose, ce qu'on te demande.

Pas besoin qu'elle se sente méprisée par la chair de sa chair.

Allez !

Laisse-le rester s'il en a envie.

Hue !

Ce pays est dur pour les hommes.

Nulle part en ce monde immoral un homme honnête et travailleur ne peut profiter.

Les profiteurs sont les commerçants, en ville, qui ne transpirent pas, qui vivent sur le dos de ceux qui en bavent.

Pas les travailleurs, les fermiers.

Des fois, je me demande pourquoi je continue.

C'est parce que la récompense viendra de là-haut, où ils pourront pas emmener leurs autos et tout ça.

Là-haut, tous les hommes seront égaux.

Le Seigneur prendra à ceux qui ont et donnera à ceux qui n'ont rien.

Mais l'attente est longue.

Je vous avais dit qu'il tiendrait pas en équilibre.

Vous auriez dû me laisser mettre des étais.

Peut-être, mais on a assez attendu comme ça, surtout avec cette chaleur.

Jewel !

Je m'attends pas à ce que tu me respectes.

Mais ta propre mère, qui est même pas encore froide !

Combien de fois je t'ai dit...

Jewel !

Combien de fois je t'ai dit que c'est ce genre de choses qui fait jaser les gens.

Allez !

Darl savait.

Il savait ça et il savait, avant.

Il savait, quand Lafe et moi, on ramassait le coton dans le champ.

On ramassait le coton, les arbres se rapprochaient de plus en plus.

Dans l'ombre secrète, on ramassait le coton dans l'ombre secrète, dans mon ballot et dans le ballot de Lafe.

J'ai dit : "Je le fais ou pas quand le sac sera plein ?"

J'ai dit :

"Si le sac est plein quand on arrive au bois, ce sera pas moi.

"Si je dois pas le faire, "le sac sera pas plein et je passerai au rang suivant.

"Mais si le sac est plein, alors j'y pourrai rien."

Et il était plein parce que j'y pouvais rien.

C'est à ce moment-là...

Et j'ai vu Darl et il savait.

Il savait sans me le dire, comme il m'a dit que M'man allait mourir sans me le dire.

Je savais qu'il savait. S'il l'avait dit avec des mots, j'aurais pas cru qu'il était là et qu'il nous avait vus.

Mais il a dit qu'il savait et j'ai dit :

"Tu vas le dire à P'pa ?

"Tu vas le tuer ?"

Je l'ai dit sans le dire.

Et il a dit : "Pourquoi ?" sans le dire.

Pourquoi ne pas l'admettre ?

Tu sais que c'est vrai.

Même si tu ne te l'admets qu'à toi.

Tu sentiras un soulagement.

Il fallait qu'elle meure pour que tu puisses aller en ville et en finir.

C'est pour ça que je peux lui parler, en sachant et en le détestant.

Parce qu'il sait.

Dans un ou deux jours, ça sentira.

Dis-le à Jewel, il serait content de l'entendre.

Il est pas fait pour résister à un si long voyage.

Dis-lui aussi.

On va passer sur votre pont !

On peut pas le traverser.

Qu'est-ce que vous dites ?

On peut pas traverser le pont !

On va se débrouiller.

Je croyais que vous deviez traverser chez Samson.

Y a plus de pont.

Comme ici ?

Pire, y en a plus du tout.

On fait quoi ?

On va passer à gué.

S'il était un peu plus haut, on pourrait le traverser.

On passerait avec le chariot.

Le gué était là.

Ça veut rien dire.

Ça pourrait être des sables mouvants, là-bas.

M. Whitfield l'a traversé.

À cheval, il y a deux jours. La rivière a monté d'1,50 m depuis.

M. Whitfield l'a traversé.

Si le pont était plus haut... Il est pas plus haut.

En faisant attention, on pourrait passer sur ces planches de bois.

Mais comment porter quelque chose ?

Un pied là-dessus et tout va s'écrouler.

Je lui ai donné ma parole devant le Seigneur.

On va pouvoir traverser.

La rivière va sûrement baisser ce soir.

Vous pourriez attendre une journée.

Retourne labourer.

On t'a pas demandé de nous suivre.

C'était pour votre bien.

Tais-toi, Jewel.

Ouais, tais-toi.

Vous voulez faire quoi ?

Si le pont était plus haut, le chariot pourrait passer.

À ton avis, Cash ?

Dewey Dell, Vardaman et P'pa peuvent traverser à gué.

C'est vrai. Vernon peut les aider.

Allez !

Traverse avec eux.

Va les aider, je te rejoins de l'autre côté.

C'est pas une bonne idée.

Viens, Vardaman.

Je lui ai donné ma parole !

C'est sacré pour moi.

Je sais que ça vous plaît pas, mais elle vous bénira, au paradis.

C'est de la folie !

Vous auriez dû repousser d'une journée.

L'eau va baisser.

La pluie va s'arrêter.

Ça peut pas monter plus.

On fait pas demi-tour.

Ça porte malheur de faire demi-tour.

Je lui ai donné ma parole.

Elle compte dessus.

Le courant noir s'écoule, nous murmure à l'oreille, devient un flot ininterrompu qui enfle.

Des tourbillons évanescents courent le long de la surface, silencieux, éphémères, profondément significatifs, comme si quelque chose, juste sous la surface, immense et vivant, s'était éveillé un instant.

Je pense qu'on est encore sur la route.

Tull a coupé ces deux grands chênes blancs.

Il paraît que dans le temps, quand l'eau montait, on passait à gué le long des arbres.

Si j'avais su, je serais venu la semaine dernière jeter un œil.

On pouvait pas savoir.

Qu'est-ce que je fais ?

Je vais avancer avec le cheval.

Suivez-moi.

Entendu ?

Tu crains rien.

Juste toi et moi.

Tu crains rien.

Cash ! Par là !

Par là ! Le gué est là !

C'est bien ! Par ici !

Attends ! Jewel, attends !

Il est pas équilibré.

Faites demi-tour et prenez le pont.

Je conduirai le chariot.

Toi, va traverser.

Va de l'autre côté et lance-nous la corde.

Qu'est-ce qu'ils disent ?

Attention aux troncs !

Va de l'autre côté avec la corde.

Il faut être deux. Un qui dirige, un qui équilibre.

Je me fous de la manière, mais faisons quelque chose.

Rester assis là, ça avance à rien !

Prends la corde.

Retrouve-nous en face. D'accord, Jewel ?

Tu pourrais descendre et traverser le pont, toi aussi.

Je reste. Il faut être deux.

Fais attention !

Allez, suivez-moi.

Venez ! Vous pouvez me suivre.

Attention !

Laisse partir la corde !

Allez, hue !

J'entendais la sombre campagne parler de l'amour de Dieu, de Sa beauté et de Son péché, le ténébreux silence dans lequel les mots sont des actes, et les autres mots, qui ne sont pas des actes, mais les trous dans les manques des gens, qui résonnent comme le cri des oies dans l'obscurité sauvage, durant les nuits terribles.

Anse aussi avait un mot.

"L'amour", qu'il disait.

Mais j'avais l'habitude des mots depuis longtemps.

Je savais que ce mot-là était comme les autres : une forme pour combler un manque.

Quand j'ai su que je portais Cash, je savais que la vie était terrible et que c'était ça, la réponse.

C'est alors que j'ai su que les mots valent rien.

Les mots conviennent jamais, même quand ils essaient de dire quelque chose.

Quand il est né, je savais que la maternité avait été inventée par quelqu'un qui avait besoin d'un mot pour le dire.

Parce que celles qui avaient des enfants se fichaient de savoir s'il existait un mot.

Parfois, j'étais allongée à côté de lui dans le noir,

j'entendais la sombre campagne, qui était maintenant la chair de ma chair, et je me disais :

"Anse."

Pourquoi Anse ? Pourquoi est-il Anse ?

Je pensais à son nom et, au bout d'un moment, je voyais le mot comme une forme, comme un réceptacle.

Et je le regardais se liquéfier et s'écouler à l'intérieur, jusqu'à ce que le bocal soit plein et immobile.

Un jour, j'ai dit à Cora qu'il était ma croix et qu'il serait mon salut.

Il me sauverait de l'eau et du feu.

Même si j'avais sacrifié ma vie, il me sauverait.

Elle m'a dit que c'était immoral quand elle a compris que je ne parlais pas de Dieu.

Mais... le péché et l'amour et la peur ne sont que des sons que les gens qui n'ont jamais péché, jamais aimé, jamais eu peur utilisent pour décrire ce qu'ils ne connaissent pas et ne pourront jamais connaître jusqu'à ce qu'ils oublient les mots.

Elle voulait que je prie, que je demande pardon, parce que les gens pour qui le péché n'est qu'une question de mots... pour eux, le salut n'est qu'un mot, lui aussi.

Je pensais à lui, déguisé en péché.

Je pensais à lui pensant à moi, déguisée en péché.

Lui, d'autant plus beau que l'habit qu'il avait échangé contre le péché

était sanctifié.

Pour moi, le péché était un vêtement qu'on enlevait.

Et c'était terminé.

Il m'a donné Jewel.

Et Jewel a été mon salut.

Que la grâce de Dieu soit sur cette maison.

Il a la scie, Cash !

J'ai le mètre.

J'ai le mètre, Cash.

Il a ta scie, Cash.

Il a ta scie !

Je vais chez Armstid.

Chercher de l'aide.

Après l'école, quand le dernier élève était parti, le nez sale et morveux, au lieu de rentrer, je descendais la colline jusqu'à la source, où j'étais au calme pour les haïr.

Je devrai les regarder jour après jour, chacun d'eux avec son secret et ses pensées égoïstes.

Et j'avais hâte qu'ils fassent une bêtise, pour pouvoir les fouetter.

Quand le martinet claquait, je le sentais sur ma chair.

Quand il y avait des écorchures, c'était mon sang qui coulait.

Et je me disais, à chaque coup de fouet :

"Maintenant, vous savez que j'existe."

Le Dr Peabody est parti à Inverness, mais Oncle Billy va venir.

C'est un vétérinaire, mais c'est mieux que rien.

Ça va aller.

Par ici, Oncle Billy.

Il est sur le lit.

Qu'est-ce qui t'est arrivé, mon garçon ?

Donnez-moi une chaise et un grand verre de whisky.

Heureusement, c'est la jambe qu'il s'est cassée l'été dernier.

Je sais pas s'il trouve ça très heureux.

Mais je comprends.

Vous pouvez l'aider ? L'aider ?

Un homme est pas si différent d'un cheval.

Sauf... qu'un cheval a plus de jugeote.

Bois ça.

Tout.

Tu peux crier.

Si tu en ressens le besoin.

Je vais avoir besoin d'aide pour le tenir.

Tenez-le.

Qu'il ne bouge pas.

Qu'il ne bouge pas.

Mords le chiffon.

Mords-le. Mets-le dans la bouche et mords.

On y va.

Ça va ?

Ça va.

Je vais mettre l'attelle pendant qu'il est dans les vapes.

On a besoin d'une paire de mules.

Tu peux utiliser mon attelage.

Merci, mais elle aurait voulu voyager avec nos chevaux.

Tu pourrais demander à Snopes.

Il a 3 ou 4 paires d'attelage.

Il y en aurait peut-être une à ta convenance.

C'est un homme dur en affaires.

Mais j'arriverai sûrement à le convaincre.

Tu te régales ?

Allez-vous-en ! Je vous en supplie, allez-vous-en !

Allez-vous-en !

Restez pas là ! Allez-vous-en !

Fichez le camp !

Il faut faire quelque chose.

Quelle honte. On devrait le punir pour la traiter ainsi.

Il fait ce qu'il peut pour respecter sa volonté.

Mon Dieu... cette odeur !

Fais quelque chose.

Anse !

Il est parti.

Où est Anse ?

Il est parti négocier un attelage avec Snopes.

Il y est allé comment ?

Avec le cheval de Jewel.

Il avait jamais laissé personne toucher à son cheval.

Jamais.

Darl...

Sans vouloir vous offenser...

Cette odeur devient de plus en plus insupportable.

Je sais.

Allez, viens.

Toi aussi, Jewel.

Jewel, viens !

P'pa est revenu !

J'ai un attelage.

Tu l'as acheté à Snopes ?

Y a pas que Snopes, dans le comté, qui fait du commerce.

Quand on bat Snopes en affaires, on doit se sentir drôlement bien !

Tu lui as donné quoi, Anse ?

Une hypothèque mobilière sur mes semences et mon motoculteur.

Ils valent pas plus de quarante dollars !

Je lui ai donné autre chose.

Quoi ?

Autre chose.

Je t'ai vu fouiller dans les affaires de Cash.

Cash voulait acheter un gramophone à Surratt.

Mais c'est que huit dollars.

Pas suffisant pour acheter un attelage.

Dieu sait s'il y a jamais eu un homme.

Et le cheval.

Quel cheval ?

On lui donnera le cheval juste après avoir enterré ta mère.

Tu veux dire que tu as échangé mon cheval ?

Mon cheval ?

J'ai travaillé cinq mois

à nettoyer les 20 hectares de terre de Quick pour me le payer.

Depuis quinze ans, j'ai pas une seule dent dans la tête.

Dieu le sait bien.

Il sait que pendant quinze ans, j'ai jamais eu les victuailles nécessaires à un homme pour se nourrir et garder des forces.

J'ai économisé un sou par-ci, un sou par-là pour les acheter sans que ma famille en souffre.

Et je pensais que si je pouvais me passer de manger, mon fils pouvait se passer de monter à cheval !

Dieu sait ce que j'ai enduré.

Putain.

C'est bon.

Doucement.

Où est Jewel ? On peut pas partir sans Jewel.

Il a disparu avec son cheval.

On le verra plus jamais, Jewel, c'est sûr.

Ils recevront une carte postale de lui du Texas.

Anse Bundren n'a vraiment aucune décence.

Sûr, il fait peine à voir.

Comment tu te sens, Cash ?

Tout va bien.

Tu veux que je soulève ta jambe ?

Ça va ?

C'est les cahots.

Ça me comprime la jambe dans les cahots. Mais c'est rien.

C'est parce que la mère de Jewel est une jument qu'il est parti ?

En partie.

Tu veux que je resserre le bandage ?

Je veux bien.

Ça fait mal ?

Repose-la.

Tu as mal ? C'est rien.

Tu veux que P'pa ralentisse ?

Non. On va pas ralentir maintenant.

Tout va bien.

Il va falloir qu'on achète des médicaments.

Y a pas à tortiller.

Dis-lui de continuer.

Tes gâteaux vont être beaux d'ici à ce qu'on arrive à Jefferson.

Tu ferais mieux de les vendre à Mottson.

Quand est-ce qu'on arrive à Mottson ?

Demain.

Si cet attelage tient le coup.

Snopes leur fait manger de la sciure.

Pourquoi il leur fait manger de la sciure ?

Regarde.

Je voyais rien, je sentais rien.

Je sentais pas le lit sous moi.

Et j'arrivais pas à savoir ce que j'étais.

Je savais pas mon nom, je savais même pas...

Je suis une fille, mais... je savais qu'il y avait quelque chose.

Mais je savais pas quand on était et, tout d'un coup, je savais qu'il y avait quelque chose.

C'était le vent qui soufflait sur moi.

Je crois en Dieu.

Je crois en Dieu.

Je crois en Dieu.

Mon Dieu, je crois en Dieu.

On va s'arrêter un moment.

Dewey, fais vite.

Tu vas où ?

Elle va où ?

Vous désirez ?

Vous avez besoin d'affaires de toilette ou de médicaments ?

C'est ça.

Je préférerais qu'on aille derrière.

Très bien.

Quel est le problème ?

Dites-moi ce que vous voulez, j'ai à faire.

C'est un problème féminin.

C'est tout ?

Où est votre mère ? Vous n'en avez pas ?

Elle est là-bas, dans le chariot.

Parlez-lui-en avant de prendre des médicaments.

N'importe quelle femme vous en parlerait.

Vous êtes trop régulière, ou pas assez ?

Je crois que c'est ça.

Lequel des deux ? Vous ne le savez pas ?

Vous voulez arrêter les saignements, c'est ça ?

Ça s'est déjà arrêté.

Dans ce cas...

Vous n'êtes pas mariée, c'est ça ?

Je n'ai rien ici pour vous et je vous conseille de rentrer en parler à votre père, si vous en avez un.

Qu'il trouve quelqu'un pour vous acheter un certificat de mariage.

Mais j'ai de l'argent pour vous payer.

Mille dollars, ça ne serait pas assez.

Dix cents, ça ne serait pas assez.

Bonjour.

J'aurais besoin d'un sac de ciment.

Cinquante cents.

Cinquante cents ?

Je peux en avoir pour dix cents ?

Dix cents de ciment...

Pour quoi faire ?

Mon frère s'est cassé la jambe.

Enlevez ce chariot de là. C'est un lieu public !

On peut s'arrêter acheter quelque chose, comme tout le monde.

On a de quoi payer, et aucune loi n'interdit de dépenser...

Je veux pour dix cents de ciment.

Pas question que j'ouvre un sac.

Vous savez qu'il va perdre sa jambe ?

Emmenez-le chez le médecin.

Je veux pour dix cents de ciment.

Très bien.

Emmenez ce garçon voir un médecin.

Enterrez ça dès que possible.

Vous encourez la prison pour atteinte à la santé publique !

On fait de notre mieux.

Je serais parti plus tôt, mais j'ai dû attendre le chariot.

Tais-toi, P'pa.

Désolé, monsieur, on s'en va.

Emmenez-le voir un médecin.

Vous en faites pas pour moi, je vais bien.

Dépêche, Dewey Dell ! On a perdu assez de temps.

On va plus vous incommoder.

Hue !

Ici, c'est bien.

Juste là. Ho !

On va pouvoir aller chercher de l'eau.

Dewey Dell, va voir si tu peux emprunter un seau.

Tu as eu plus de mal que prévu à vendre tes gâteaux à Mottson.

Vaudrait mieux pas le faire descendre. On va le retaper ici.

On arrivera demain à Jefferson ?

Je tiendrai le coup.

Ce sera mieux pour toi.

Ça frottera moins.

Je peux tenir le coup.

On va perdre du temps si on s'arrête.

On a acheté le ciment.


Écoute.

Je peux tenir.

Plus qu'une journée.

Ça va pour moi.

Ça tient bien.

On l'a acheté, maintenant.

Ça te paraît bien ?

Faut pas mettre trop d'eau, sinon ça marchera pas.

Et là ?

Il faudrait... trouver un peu de sable.

Vardaman !

Va chercher du sable.

Je peux tenir le coup.

S'il reste qu'une journée...

ça ira, vous embêtez pas.

C'est bon.

Fais attention.

Avance la jambe.

Essaie de pas toucher...

Ça fait quoi ?

Ça fait du bien.

C'est froid, ça fait du bien.

Si ça peut t'aider.

Je te demande pardon.

Je m'attendais pas à ça, pas plus que toi.

Ça fait du bien.

Ça va ?

On dirait qu'il va pleuvoir.

Regardez, voilà Jewel !

Où est le cheval ?

Je l'ai donné moi-même à Snopes.

Tu as bien fait.

Je commence à être fatigué.

Darl...

Si Snopes nourrissait pas les mulets avec de la sciure, ils pourraient nous faire monter la colline sans qu'on marche ?

Peut -être.

Dewey Dell, quand on dort dans la grange, la nuit, ils se posent où, les vautours ?

J'ai demandé à Darl, mais il sait pas non plus.

Ce soir, je regarderai où ils sont pendant qu'on sera dans la grange.

On voudrait pas vous incommoder.

Vous en faites pas. Y a pas de gêne.

Mais cette jambe m'inquiète.

Qu'est-ce que tu ressens ?

C'est un peu chaud.

Avec le soleil qui a tapé dessus toute la journée.

Tu veux qu'on verse de l'eau dessus ?

Ça te soulagera peut-être.

Ce serait gentil.

C'est à cause du soleil qui a tapé.

J'aurais dû y penser et couvrir ma jambe.

Ça te fait quoi ?

Merci.

Ça fait du bien.

Je vous souhaite... une bonne nuit.

On est à l'intérieur si vous avez besoin de quoi que ce soit.

Cash, essaie de dormir.

Bien sûr.

Ça fait du bien.

M'man me manque.

Mets ta tête ici.

Écoute.

Tu l'entends ?

Je l'entends.

Qu'est-ce qu'elle dit, Darl ?

À qui elle parle ?

Elle parle à Dieu.

Elle L'appelle pour qu'Il l'aide.

Qu'est-ce qu'elle veut qu'Il fasse ?

Elle veut qu'Il la cache à la vue des hommes.

Pourquoi elle veut être cachée, Darl ?

Pour pouvoir se détacher de sa vie.

Pourquoi elle veut se détacher de sa vie ?

Écoute.

Écoute.

Tu entends ?

Elle appelle.

Depuis la rivière, elle appelle.

Qu'est-ce qu'ils font, Dewey Dell ?

Ils emmènent M'man dans la grange.

Ils voulaient pas la laisser dehors toute la nuit.

Je la sens. Tu la sens, toi aussi ?

Tais-toi.

Je suis allé voir où ils se posaient la nuit.

J'ai vu quelque chose que Dewey Dell m'a dit de répéter à personne.

C'est pas sur P'pa, c'est pas sur Cash, c'est pas sur Jewel, c'est pas sur Dewey Dell et c'est pas sur moi.

Au feu !

Y a le feu !

Y a le feu dans la grange !

Sortez les mulets !

Les mulets !

Jewel ! Attention !

Sortez de là !

Jewel !

Retiens-le !

Arrête-le !

Où est Darl ?

Où est passé Darl ?

Ton pied a l'air bizarre, Cash.

Je crois qu'il va falloir casser le ciment.

Si vous enlevez ça, la peau va partir avec.

Pourquoi diable avez-vous mis ça ?

On pensait que ça soutiendrait sa jambe.

Personne a pensé à graisser sa jambe d'abord ?

Je voulais juste l'aider.

C'est Darl qui a mis le ciment.

Où est Darl ?

Où est Darl ?

Mon Dieu !

Vaut mieux le laisser.

Tu vas chasser le chat, Darl ?

Pas la peine de pleurer. Jewel l'a sortie.

Pas la peine de pleurer, Darl.

Si on pouvait voyager dans le temps, ce serait bien.

Ce serait bien de pouvoir voyager dans le temps.

Il faut deux personnes pour faire un homme, mais il en faut qu'une pour mourir.

Le monde finira comme ça.

Tu l'entends encore ?

Darl, est-ce qu'on arrive à Jefferson ?

Oui.

La vie est née dans les vallées. Elle s'est étendue aux collines sur de vieilles terreurs, de vieux désirs, de vieux désespoirs.

C'est pour ça qu'il faut grimper en haut des collines, pour pouvoir les redescendre.

Il faut que je m'arrête.

Pour quoi faire ?

Il faut que j'aille dans le bois.

Tu peux pas attendre qu'on soit en ville ?

Arrête-toi. Il faut que j'aille dans le bois.

Ho !

Laisse tes gâteaux, on les surveille.

Va falloir qu'on l'emmène chez le médecin.

On a pas le choix.

On aurait dû prévenir de chez Gillespie pour que quelqu'un prépare la tombe.

Mais je veux être redevable à personne, sauf à la chair de sa chair.

Tout le monde peut creuser un putain de trou dans le sol.

C'est irrespectueux de parler comme ça de la tombe de ta mère.

Tu sais pas ce que c'est.

Vous l'avez jamais vraiment aimée, aucun de vous.

Je t'avais dit de laisser tes vêtements à la maison.

Hue !

Allez, les mules !

Encore combien de collines, Darl ?

Une seule.

La prochaine va jusqu'à la ville.

Il faut que j'entre là-dedans.

Il doit y avoir un ou deux chrétiens à l'intérieur, je parie.

Il faut qu'on aille acheter des pelles.

Ça coûte de l'argent !

Tu lui en veux pour ça ?

Tout doux !

Skeet, il y a une femme qui veut voir le médecin.

Je lui ai demandé : "Quel médecin ?"

Elle a dit : "Celui qui travaille ici."

Je lui ai dit qu'il y avait pas de médecin et elle est restée plantée.

Quel genre de femme c'est ? Envoie-la au cabinet d'Alford.

Une paysanne.

Alors, envoie-la au tribunal.

Dis-lui que tous les médecins sont partis à Memphis.

Bon. Mais elle est jolie, pour une paysanne.

Attends.

Que puis-je pour vous ?

C'est vous, le médecin ? Oui.

On peut aller derrière ?

Madame...

Quel problème avez-vous ?

Un problème de femme.

J'ai de l'argent.

Vous avez un problème de femme ? Ou vous voulez un problème de femme ?

Dans ce cas, vous êtes au bon endroit.

Non.

Non, quoi ?

Je l'ai plus. C'est tout.

J'ai de l'argent.

Vous avez quelque chose dans le ventre que vous voudriez pas.

Vous savez que j'encours la prison en faisant ce que vous me demandez ?

Je perdrais ma licence et je devrais trouver un travail.

Vous vous en rendez compte ?

J'ai que dix dollars.

Mais je peux vous apporter le reste le mois prochain.

Dix dollars ?

Mes connaissances et mon savoir-faire n'ont pas de prix.

En tout cas, pas dix minables dollars.

Qu'est-ce que vous voulez ?

Vous avez trois chances pour le deviner.

Et je vous montre.

Je dois faire quelque chose.

Revenez à dix heures du soir.

Je vous donnerai le reste.

Ça va marcher ?

Bien sûr que ça va marcher.

Si vous revenez chercher le reste.

Allez-y doucement.

Sortez de là.

Recouvrez-le.

Allez.

Darl Bundren ?

Comment Gillespie sait que c'est Darl qui a fait ça ?

Vardaman m'a juré qu'il l'avait dit qu'à moi.

Si Vardaman l'a dit qu'à toi, comment ils le savent ?

Peu importe.

L'important, c'est que Gillespie est au courant.

Il s'en serait douté un jour ou l'autre.

On peut pas y couper.

On doit l'envoyer à Jackson.

Sinon ils vont nous poursuivre en justice.

Tu veux que je m'en occupe maintenant ?

Que tu t'en occupes ? Je l'attrape et je l'attache.

Tu veux attendre qu'il foute le feu à l'attelage et au chariot ?

Il est fou !

C'est parce que Jewel a été trop dur avec lui.

J'y ai pensé plus d'une fois avant qu'on traverse la rivière et après.

Ç'aurait été une bénédiction de Dieu s'Il nous en avait débarrassé et si on l'avait laissée partir proprement.

Il me semblait, quand Jewel s'acharnait à la sortir de la rivière, qu'il allait contre la volonté de Dieu.

Quand Darl a compris que l'un de nous devait faire quelque chose, eh bien... j'en viendrais presque à croire qu'il a bien fait.

Ça n'excuse pas le fait qu'il ait mis le feu à une grange, qu'il ait mis le bétail en danger et qu'il ait détruit une propriété.

Darl a aucune excuse pour ce qu'il a fait.

Mettre en danger le bétail... détruire une propriété.

C'est à ça qu'on reconnaît qu'un homme est fou.

Il voit pas les choses comme les autres.

Et y a pas grand-chose à faire sauf ce que la plupart des gens trouveraient normal.

Mais c'est vraiment dommage.

Vous êtes Darl Bundren ?

Suivez-nous.

Lâchez-moi !

Cash !

Cash ! Salaud !

Arrête, Dewey Dell !

Cash ! Je pensais que tu me préviendrais.

J'aurais jamais cru que tu dirais rien.

Cash !

C'est bon.

Tu peux me griffer autant que tu veux.

Tu vois, peut-être que si je m'en vais... personne saura.

Mais ça partira pas.

C'est comme ce que tu as dans cette boîte, tu pourras pas le faire partir.

Et toi...

Tu crois que les questions vont disparaître parce que je serai plus là pour les poser ?

Darl...

C'est ce que tu veux ?

Ce sera peut-être mieux pour toi.

T'auras plus à t'en faire là-bas.

C'est ce que tu penses de moi ?

Ce sera mieux pour toi, Darl. Mieux ?

Mieux ?

Tu seras au calme.

C'est ce que tu penses de moi ?

Ce sera mieux pour toi.

Ce sera peut-être mieux. Peut-être.

Peut-être !

Vardaman, viens ici.

Ça commençait à devenir insupportable... l'odeur, je veux dire.

On avait pas de temps à perdre.

Ça me gênait pas.

Ne me dis pas ça.

Tout ce temps sur un chariot sans ressorts, avec une jambe cassée, et ça ne te gênait pas !

Ça me gênait pas trop.

Ça gênait pas trop Anse, tu veux dire.

Il avait qu'à t'emmener à la scierie la plus proche et te scier la jambe. Elle aurait été guérie.

Et vous tous, vous auriez pu mettre la tête d'Anse sous la scie et toute la famille aurait été guérie.

Cet orteil est gangrené.

Allez-y, docteur !

Coupez-la ! Allez-y !

Attends-moi ici.

Pourquoi je peux pas venir ? Je veux venir.

Attends-moi ici.

D'accord.

Tu veux quelque chose ?

Une banane.

C'est où ?

Voilà.

Vous êtes sûr que ça va marcher ?

Certain.

Du moment que vous prenez le reste du traitement.

Je le prends où ?

Je vais vous montrer.

C'est ce que tu veux ?

C'est pour ça que tu es revenue.

Tu es revenue pour ça.

Je les connais, les paysannes.

Toutes les mêmes.

Oui, c'est pour ça que tu es revenue.

Mon frère... ils disent qu'il est devenu fou, et qu'il est allé à Jackson.

Jackson, c'est pire que de devenir fou.

Il a dû prendre le train pour aller à Jackson.

J'ai jamais pris le train.

Mais Darl a pris le train.

Darl est mon frère.

Pourquoi je ris ?

Pourquoi tu ris, Darl ?

C'est parce que tu détestes entendre rire ?

C'est pour ça que tu ris, Darl ?

C'est parce que ta mère est un poisson ?

Un cheval ?

C'est parce que tu as plus de mère ?

Que tu entends la sombre campagne parler de Dieu, de Sa beauté, de Son péché ?

Parce qu'on se parle avec des mots qui sont comme des araignées pendues aux poutres par la bouche.

Qui pendent et se tortillent et ne se touchent jamais.

Il les a, ses dents.

C'est qui, ça ?

Là, c'est Cash.

Là, c'est Jewel.

Là, Vardaman.

Et là-bas, Dewey Dell.

Je vous présente Mme Bundren.
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